jeudi 29 mars 2007

29 mars 2007 - Action(s) suite...


A Orvault, en banlieue de Nantes, 400 salariés selon la police, 500 selon les syndicats, dont une centaine venus de Rennes, ont débrayé entre 9h30 et 11h30 et manifesté en ville. Ils ont défilé en chantant avant d'assister à une pièce de théâtre de rue, interprétée par quelques-uns d'entre eux, parodiant les négociations de la fusion Alcatel-Lucent. "On veut symboliser les suppressions d'emploi et la spirale infernale de la rentabilité financière immédiate", a expliqué Odile Denis, secrétaire (CFDT) du comité d'établissement. La syndicaliste ajoute que "ce sont les marchés financiers qui exigent cette rentabilité, mais ils ne sont pas les seuls fautifs : nos dirigeants n'ont pas su résister et proposer de projet industriel". "Au départ, la direction voulait ouvrir le plan social le 6 mars, mais son planning a complètement explosé grâce à notre mobilisation", ajoute la syndicaliste. Dans les Côtes-d'Armor, environ 300 salariés ont également débrayé durant la matinée et manifesté sur la zone industrielle de Lannion.

Le plan de suppressions de postes vise, selon la direction de l'entreprise, à "rationaliser les ressources au sein du nouvel ensemble Alcatel-Lucent et à faire face à l'évolution du marché". Pour "sortir du blocage", le syndicat des cadres CFE-CGC a fait ses contre-propositions au plan social dans un document présenté jeudi au cours d’une conférence de presse à Paris et en vertu duquel il réclame des embauches dans la téléphonie fixe et mobile et le maintien du site de Rennes notamment.

Le comité de groupe européen a déposé un référé au tribunal de grande instance de Paris, qui sera examiné le 3 avril, au motif d'un manque d'information et de l'absence de sa consultation. D'ici le jugement, la procédure du plan social est bloquée.

Concernant la fusion Alcatel-Lucent, Carl-Henric Svanberg, le patron d'Ericsson, interviewé par le journal Svenska Dagbladet, y voir son bénéfice, rappelant que sur la télévision comme sur les réseaux fixes, les clients ne souhaitent rencontrer que deux fournisseurs de systèmes...

mercredi 28 mars 2007

29 mars 2007 - Action(s)

Des actions sont prévues ce jour sur les sites français en région et le lendemain en Ile-de-France. Un débrayage sur le site de Lannion est prévu de 9H30 à 11H30. Il sera suivi d'une marche vers l'aéroport de la ville puis vers le secteur Recherche et développement d'Alcatel-Lucent. D'autres actions sont prévues sur les sites de Brest et d'Orvault, que doivent rejoindre des salariés de Rennes. Ils défileront ensemble dans le centre d'Orvault, où une pièce de théâtre "maison" sera donnée. Les salariés d'Alcatel-Lucent à Illkirch (Bas-Rhin) doivent se rassembler ce jour. Les salariés alsaciens ont prévu de manifester le 4 avril à Strasbourg, jusqu'au Parlement européen où ils déposeront une motion. Une délégation de Stuttgart (Allemagne) devrait les rejoindre.

L'intersyndicale considère que "le dialogue social est rompu depuis le 14 février 2007, date du dernier CCE au cours duquel la direction a présenté son plan de suppression d'emplois et annoncé la fermeture des établissements de Rennes"

Le candidat UMP à l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy, s'est engagé mercredi dernier auprès de salariés d'Alcatel-Lucent à développer la filière communications, mais n'a pas répondu à la situation d'"urgence sociale" chez l'équipementier, ont déclaré les syndicats mercredi. "M. Sarkozy, qui considère la filière communications comme prioritaire, tient un discours volontariste sur la recherche et développement en France. Il s'est même engagé à poser des actes concrets pour les industries dès la première semaine de son mandat s'il est élu", a rapporté Hervé Lassalle (CFDT, majoritaire) au nom des huit délégués (CFDT, CGT, CFE-CGC, CFTC) qui ont été reçus à son quartier général de campagne, à Paris. Les syndicats ont été surpris par le discours très dur envers la direction d'Alcatel-Lucent. Il a clairement dit qu'il ne la comprenait pas. Pour lui l'entreprise est mal dirigée. A la limite son jugement est plus dur que celui des salariés. Il s'est engagé à prendre des actes très concrets dès la première semaine de son élection. Mais on ne les commentra pas : il nous a dit de ne pas en parler...

Valérie Pécresse, porte-parole de l'UMP et députée des Yvelines, département où se trouvent plusieurs sites Alcatel-Lucent, a pour sa part déclaré que M. Sarkozy était "le seul candidat à définir ses priorités industrielles: télécoms, transports, énergie et santé". Selon les syndicats, le candidat "a souligné la naïveté européenne et française sur les relations commerciales avec notamment la Chine", où doivent être "délocalisés" des emplois français de l'équipementier. Il "pense intervenir au niveau de l'OMC (Organisation mondiale du commerce) pour réclamer une réciprocité dans les échanges et évoque l'idée d'une taxe carbone sur les importations". Interrogé par les salariés sur la possibilité de suspendre le plan social prévoyant près de 1.500 suppressions de postes en France, M. Sarkozy a répondu qu'il n'était plus au gouvernement et qu'il n'allait pas "jouer la démagogie" en allant dans ce sens. M. Sarkozy a cependant déclaré mercredi aux salariés "ne pas comprendre la direction ni son plan social", estimant que "l'entreprise est mal dirigée", ont ajouté les syndicats, aux côtés de Mme Pécresse et de la députée UMP de l'Essonne Nathalie Kosciusko-Morizet.
  • Dépêche AFP, 28 mars 2007.
  • Sarkozy décoit les salaiés d'Alcatel, Journal de l'Essonne, 28 mars 2007.

28 mars 2007 - Politique(s)

François Bayrou a tenu une réunion publique à Rennes hier. Le blog Notre Avenir est ici relate cette rencontre (Lien). Sur le blog de l'UMP, une vidéo sur la rencontre entre Nicolas Sarkozy et les syndicalistes d'Alcatel-Lucent (à leur demande), au siège de campagne du candidat de l'UMP. Nathalie Kosiusko-Morizet, députée participe aux débats...




François Hollande, premier secrétaire du parti socialiste, a reçu hier, une délégation des salariés d’Alcatel-Lucent Ormes. Cette rencontre a eu lieu à l’invitation de leur sénateur Jean-Pierre Sueur. Ségolène Royal, candidate socialiste à la présidentielle, a centré sa visite à Orléans, mercredi, sur le travail, la recherche et les délocalisations. Elle a laissé brièvement la parole à un salarié d’Alcatel-Lucent et elle a regretté que les licenciements touchent désormais des entreprises "à très haute valeur ajoutée et à matière grise", et que les investissements dans la recherche et l’innovation se soient "écroulés".

Dans son discours, effectué à Lille, Nicolas Sarkozy évoque Alcatel : "Si les conditions actuelles de l’échange se perpétuent, si les politiques européennes restent les mêmes, si nous n’investissons pas, tout partira, même les activités de très haute technologie et à très haute valeur ajoutée. Pour comprendre le péril qui nous guette, il suffit de voir ce qui se passe avec des entreprises comme EADS ou Alcatel. Il suffit de voir les positions que prennent les Indiens dans l’informatique."

mardi 27 mars 2007

27 mars 2007 - SFR, campagne électorale

On apprend de source syndicale, que l’opérateur français SFR aurait l’intention de changer de fournisseur pour son réseau UMTS en passant commande auprès de l’équipementier chinois Huawei plutôt que celui d'Alcatel-Lucent. Le journal Les Echos indique que SFR hésite...

L'organisme financier
Oddo Securities a maintenu sa recommandation Accumuler sur Alcatel-Lucent suite au gain d'un contrat de 6 milliards de dollars avec l'opérateur télécoms américain, Verizon. Le bureau d'études souligne que ce contrat est principalement à mettre au crédit de Lucent et qu'il illustre les synergies de chiffre d'affaires potentielles. Pour l'analyste, ce contrat est encourageant car il justifie la fusion Alcatel-Lucent.

On peut retrouver sur ce site (Lien) un compte-rendu du comité européen (ECID) du 23 mars dernier. On y trouve aussi une partie sur le recours juridique posé le 3 avril, le fait qu'un juriste de la direction avait pour charge de suivre la réunion, et pour ce comité la confirmation d'un programme de transfert des compétences vers les pays "low costs".

Coté politique, François Pelletant, maire de Linas, indique dans son blog, que la majorité de gauche au Conseil Général de l'Essonne vient de voter contre la motion qu'il présentait pour soutenir les salariés d'Alcatel. (Texte)

On trouve dans "Le Monde économie", que "Pour la campagne 2007, un tabou ébréché est complètement tombé. Des groupes comme Alcatel ou EADS, internationalisés et confrontés à la concurrence mondiale, exposés à la pression de leurs actionnaires et jugés à l’aune de leurs résultats trimestriels, sont devenus insensibles au calendrier politique."
  • Adrien de Tricornot, Le Monde économie, 27 mars 2007.

lundi 26 mars 2007

25 mars 2007 - 15 jours au ski

Alcatel-Lucent annonce avoir remporté un contrat de six milliards de dollars sur trois ans pour la fourniture à l'opérateur américain Verizon Wireless d'équipements de réseaux, de logiciels et de services. Vendredi, Serge Tchuruk, le président du conseil d’administration, qui avait joint Challenges, ne niait pas le fait que cette fusion soit difficile mais il rappelait qu’elle n’avait pas quatre mois, et que les analystes seraient bien avisés de faire preuve de la même patience que les fonds de private equity dont l’échelle du temps, à l’inverse des boursiers, ne se compte pas en mois, mais en année.

Mais au-delà de cette perception des marchés, c’est la rumeur, reprise par Challenges, de désaccords au sommet que Serge Tchuruk souhaitait dissiper : il ne conteste pas les tensions au moment de la fusion mais récuse absolument leur réalité aujourd’hui. Oui, insiste-t-il, l’ex-patronne de Lucent, nouvelle directrice générale de groupe a toute sa confiance et celle du conseil d’administration qu’il préside ; non, elle ne passe pas plus de temps aux Etats-Unis qu’à Paris ; non, il n’est pas constamment derrière son dos et la laisse libre de diriger opérationnellement la société…Un démenti à l’image du Tchuruk très interventionniste, auquel il a été souvent reproché d’avoir tué tous ses successeurs. Mais aujourd’hui, il assure qu’à bientôt 70 ans, il est enchanté de se contenter de son simple job – non payé, insiste-t-il, - de président : un job à plein temps au moment de la fusion, mais qui n’est déjà plus qu’un mi-temps, et cela lui va très bien comme ça. D’ailleurs, cet hiver, il pris quinze jours au ski, ce qui, promet-il, ne lui était jamais arrivé de sa vie !
  • Challenge. Alcatel-Lucent : le duo Tchuruk-Russo, 26 mars 2007.

dimanche 25 mars 2007

Les frontières ne sont plus étanches...

Dans un message de solidarité adressé aux salariés européens, Ralph Maly, vice-président du syndicat américain CWA regrette que la « stratégie de Lucent », qui consiste à « devenir une société virtuelle », se soit imposée. Là-bas, outre-Atlantique, les licenciements de 6 000 salariés ont commencé. Les témoignages entre collègues français concordent : Ils sont prévenus par mail et sommés de quitter l’entreprise du jour au lendemain.

Pour lui, « Alcatel-Lucent est devenu antisyndicaliste » et l'objectif du groupe est de cantonner le personnel syndiqué dans une société (Lucent Technologies) privée de toute innovation produit. « Ils ont décidé de nous laisser mourir lentement mais sûrement pour devenir une entreprise 100 % non-syndiquée », déplore-t-il en constatant que 65 installateurs syndiqués n'ont pas été transférés chez Lucent Government Services (LGS), l'entité créée pour abriter les contrats avec le gouvernement américain.

  • Alcatel-Lucent a donné son accord lors de la fusion pour une entité séparée et indépendante Lucent Government Services qui est établie pour superviser les contrats sensibles avec le gouvernement américain.
  • Il se plaint du manque de dialogue avec la direction qui n'a pas précisé l'impact aux Etats-Unis du durcissement du plan social. « Nous sommes dans le flou », regrette-t-il. Pour lui, la direction cherche à affaiblir le syndicat d'ici à 2012, date de la renégociation du contrat de travail pluriannuel. Elle met des bâtons dans les roues du CWA pour l'empêcher de représenter le personnel hérité d'Alcatel et refuse de reconnaître le cadre de relations sociales plus souple qui existait chez Lucent. La Tribune. Antisyndicalisme en Amérique ?, 16 mars 2007.
  • L'Humanité, Alcatel-Lucent, manifestation européenne, 16 mars 2007.

  • Un texte d'Alain Hurstel, secrétaire du comité européen Alcatel-Lucent, syndicaliste CFDT.

L’Europe n’est pas un frein au développement d’une politique industrielle en France, mais elle pourrait être une chance si le besoin d’une politique industrielle européenne en Europe arrivait à s’imposer. L’évidence en vient même à l’esprit étroit des nationalistes qui se rendent compte que la France n’a pas de leviers suffisants pour relever ce défi de la mondialisation.

Parce que nous en appelions à l’Europe lors des restructurations passées d’Alcatel, sur le thème « Europe sociale, où es-tu ? » nous nous sommes dit au comité européen d’Alcatel que nous avions pour obligation de voir ce qui se passait dans les sphères syndicales et les instances européennes. Ainsi j’ai pu participer en 2006 au titre de la FEM (Fédération européenne de la métallurgie) au groupe de travail mis en place par la Commission européenne pour « développer le secteur des TIC » (technologies de l’information et des communications). J’y ai découvert que nos trois priorités : volontarisme industriel, intelligence pour se défendre face à la mondialisation, implication des forces sociales, étaient trois thèmes qui dans la langue ultralibérale bruxelloise s’entendent comme trois gros mots : dirigisme, protectionnisme et danger syndical.

Pourtant cette frontière idéologique n’est pas étanche, ainsi nous partagions avec la direction d’Alcatel le même diagnostic : le marché européen des télécoms non seulement est devenu un des plus féroces au monde, mais les acteurs européens ont contribué à le durcir selon le credo que la concurrence et le marché ouvert vont tirer par leur vertu intrinsèque l’économie européenne. Ainsi un des administrateurs d’Alcatel-Lucent, Jo Cornu, a lancé fin 2005 un appel solennel avec l’ancien premier ministre finlandais Aho, pour que la Commission européenne réagisse dans le domaine des TIC « avant qu’il ne soit trop tard ». Ils ont émis des propositions intéressantes comme le lancement de « programmes phares » coordonnés, basés sur les acquis technologiques de l’industrie européenne.

Las, un rapport de la commissaire Reding fin novembre 2006 se contentait de conclure que l’Europe a pris du retard et que les États membres sont invités à démultiplier les efforts dans diverses directions savamment décrites. Bref, en Europe on joue au ping-pong pendant que des secteurs de haute technologie commencent à défaillir, que nos emplois qualifiés sont mis hors jeu et qu’en Chine l’État fortifie ses missiles technologiques Huawei et ZTE. Mais les verrous idéologiques européens n’empêchent pas d’agir même avec des moyens réduits sur le plan national ; ainsi les pôles de compétitivité sont une expérience salutaire mais trop modeste. L’irrigation réciproque universités-entreprises qu’ont réussie les pays nordiques est un autre chantier indispensable. Pour la pompe à fric de la direction d’Alcatel-Lucent, l’Europe est un marché comme un autre, mais avec trop d’ingénieurs « high costs » ; alors il faut aller vers les « midd » ou les « low ». L’impuissance européenne contribue à les déculpabiliser sur les délocalisations. Mais le phénomène nouveau, c’est la prise de conscience des salariés. Malgré les promesses d’indemnités ou de préretraites généreuses, on se mobilise pour conserver un avenir à son emploi, et à celui des générations qui vont suivre. Pour l’emploi durable en Europe. Le terrain bouge, la politique industrielle européenne comme l’Europe sociale ne sont pas à Bruxelles ou à Strasbourg, elles sont en gestation lente dans les mouvements d’aujourd’hui.

24 mars 2007 - Guérilla

La direction d'Alcatel-Lucent a terminé sa présentation du plan social aux élus de neuf pays du comité européen d'information et de dialogue, vendredi dernier. « Cette fois-ci, nous avons épuisé l'ordre du jour. À ce stade, nous n'avons pas de demande complémentaire des syndicats au niveau européen », a déclaré une porte-parole du groupe. "Nous avons obtenu des informations complémentaires sur les réductions d'emplois par sous-activités mais ne savons pas ce qui est lié aux recouvrements à la suite de la fusion entre Alcatel et Lucent, à la situation économique difficile, aux stratégies pour les différentes activités", estime Alain Hurstel, secrétaire (CFDT) du comité européen. Selon la CFDT, "la direction aimerait passer rapidement aux procédures au niveau national". "Nous allons rester mobilisés car il est inadmissible que des activités stratégiques (recherche et développement, technologies de pointe...) soient délocalisées", a annoncé Alain Hurstel.

Désormais, chaque camp fourbit ses armes. La direction hésite à convoquer les comités d'entreprise pour engager le plan de sauvegarde de l'emploi dans les trois filiales nationales du groupe, Alcatel-Lucent France, Alcatel Business Systems et Compagnie Financière Alcatel. « Comment entamer les négociations si les syndicats refusent de discuter ? », s'interroge un administrateur. En fait, la direction temporise car les syndicats français envisagent de nouveaux procès. Ils contestent toujours le nombre de suppressions de postes et veulent gagner du temps, au moins jusqu'à la présidentielle. « Nous allons étudier tous les recours possibles », annonce un élu CFDT d'Alcatel-Lucent. La principale filiale française pourrait déposer un autre référé, après celui du comité de groupe européen qui sera plaidé le 3 avril. Les représentants du personnel ne pourraient pas discuter sérieusement car ils sont « tenus dans l'ignorance de la méthode et du raisonnement suivis pour déterminer l'excédent d'effectif allégué », argumente leur avocat Henri-José Legrand. « Nous pourrons saisir le Parlement européen et la Commission européenne. Et nous allons nous appuyer sur les élus en France, dont les circonscriptions sont concernées par les suppressions d'emplois. Nous allons de nouveau demander le soutien du gouvernement », ajoute Hervé Lassalle, élu CFDT.

Dans cette période préélectorale, tous les camps politiques s'emparent du dossier. Jusqu'à la présidentielle, la direction devrait calmer le jeu en restant ferme sur ses objectifs. Selon les premières conclusions d'un expert mandaté par le comité européen, les effectifs d'Alcatel-Lucent dans les pays à bas coût vont se retrouver "surdimensionnés" par rapport au chiffre d'affaires que dégagent ces pays.

Vendredi prochain, une nouvelle mobilisation sur les sites français d’Alcatel-Lucent est prévue, comme chaque semaine depuis l’annonce de 4.500 suppressions de poste en Europe, sur lesquelles les syndicats réclament toujours à la direction des justifications.
  • Le Figaro. Guérilla chez Alcatel-Lucent contre le plan social, 24 mars 2007.
  • La Tribune. Les syndicats d'Alcatel-Lucent maintiennent la pression sur la direction, 25 mars 2007.
  • Henri-José Legrand est avocat au Barreau de Paris depuis 1971 ; la principale activité de son cabinet est orientée vers le conseil et l'assistance contentieuse aux syndicats et comités d'entreprise de tous secteurs d'activités, notamment lors des processus de restructuration des entreprises.

samedi 24 mars 2007

Cramer's show & Actionnariat

L'Actionnariat d'Alcatel Lucent (au 13 mars 2007) se compose de :

1. Brandes Investment Partners 10,67 %
2. FMR Corp and Fidelity International 5,11 %
3. Caisse des Dépôts et Consignations 4,12 %
4. Autocontrôle 4, 12 %
5. Crédit Agricole Asset Management 3,87 %
6. Ecureuil Gestion 2,98 %
7. Salariés 1,95 %
8. FCP 3A des employés 1.89%
9. Société Générale 0.75%

Source : Capital


Jim Cramer, qui apparait comme un gourou excentrique de Wall Street est en fait un des analystes financiers les plus influents aux États-Unis. Il est le commentateur vedette de la chaîne de télévision CNBC, lors de son émission Mad Money.

24 mars 2007 - Manifestation à Lannion


Plusieurs milliers de personnes défilent pour protester contre le plan de licenciements annoncé par Alcatel-Lucent à Lannion.

Cette manifestation a réuni des salariés d'Alcatel, des représentants d'associations et de la société civile pour la « défense de l'emploi en Bretagne ». 3 000 selon la police. 5 000 selon les organisateurs. Le défilé du 24 mars dans Lannion entendait attirer l'attention des pouvoirs publics sur le dossier Alcatel-Lucent. C'est « Un signe fort après les manifestations de Rennes et de Paris », selon ce représentant CGT, qui vient s'ajouter aux grèves et aux débrayages observés sur les différents sites d'Alcatel-Lucent depuis maintenant un mois.

Les manifestants se sont régroupés dans le centre-ville de Lannion, avant de défiler en ville, sous des banderoles syndicales ou de l'association "Trégor debout", qui regroupe des syndicats et des associations de la société civile locale. Trégor Debout a été créé en 1997, lors de la fermeture de la division industrielle d’Alcatel.

Des manifestants portaient également des pancartes sur lesquelles était mentionné Quel Avenir pour moi dans le Trégor ?. Plusieurs élus locaux étaient présents, dont le président du Conseil général des Côtes d'Armor, Claudy Lebreton, le vice-président du Conseil régional, Gérard Lahellec, ainsi que le "numéro deux" de la centrale CGT, Jean-Christophe Le Digou, originaire de la région. De droite comme de gauche, ils admettent une impuissance face à ces décisions prises « au niveau mondial ».

Des délégations de Brest, Rennes et Orvault se sont greffées au cortège des manifestants, à grands renforts de banderoles. De nombreux commerces de Lannion étaient d'ailleurs fermés, en signe de solidarité, à l'appel de l'union des commerçants de la ville. Pour l'intersyndicale, c'est une réussite. « On l'espérait depuis un moment. Cette mobilisation est la preuve que le mouvement ne faiblit pas et, qu'au contraire, il s'endurcit dans l'unité », insiste ce délégué CGT. Même son de cloche du côté de la CFDT : « C'est à la hauteur de ce que l'on attendait. C'est aussi un signe que la population lannionnaise qui est venue en nombre se préoccupe de l'avenir de l'emploi dans la région ». Alors que de nouveaux débrayages sont d'ores et déjà annoncés sur les différents sites de l'Ouest, jeudi et vendredi, une rumeur gonflait dans les rangs des manifestants. Thierry Breton serait en effet pressenti pour prendre la direction du groupe Alcatel-Lucent...
  • AFP. Plusieurs milliers de manifestants à Lannion, 24 mars 2007.
  • « Nous sommes tous écoeurés, ici, par ce qui se passe. Ces suppressions de postes sont ridicules », lâche une personne. Pour ce manifestant « nous sommes dans une situation où l'on ne respecte plus l'individu. On supprime des emplois avec pour seul objectif de faire du profit. C'est une très bonne raison d'être dans la rue aujourd'hui ». Ouest-France. Alcatel : près de 5 000 manifestants à Lannion, 25 mars 2007.
  • Le Télégramme. Alcatel, 5 000 personnes dans les rues de Lannion, 24 mars 2007.

24 mars 2007 - Une photo fait l'info...

Le journal Le Monde décrit l'histoire d'une photo prise prise rue de La Boétie à Paris, dans le 8e arrondissement, le 15 février, lors de la manifestation des salariés parisiens de l'entreprise devant le siège d'Alcatel-Lucent (et non pas lors de la manifestation européenne qui a eu lieu un mois après, le 15 mars). La photographie fait partie d'une série diffusée par le site de la CFDT de l'entreprise Alcatel-Lucent.

Rappelons que le siège social d'Alcatel-Lucent se trouve juste en face de celui de l'UMP. Le journal annonce que pendant près d'un mois, l'image a sommeillé et que la manifestation européenne des salariés d'Alcatel-Lucent (15 mars) lui a redonné vie. L'intense activité des blogueurs militants à ce moment a accéléré sa diffusion.

Le 26 février dernier, l'intersyndicale Alcatel-Lucent avait demandé un entretien auprès de Nicolas Sarkozy, candidat à l'élection présidentielle pour connaître sa vision de l'avenir du secteur Télécom en France et attendait sa réponse. Le même jour, au micro de RMC, Nicolas Sarkozy affirmait qu'il n'est pas ''de la responsabilité d'un homme politique de donner une instruction pour suspendre un plan social. [...] Cela n'aurait pas de sens. Ça s'appelle de la démagogie ou du populisme''.



La semaine prochaine, Nicolas Sarkozy doit recevoir une délégation de salariés d'Alcatel-Lucent. Mais « après ses propos sur Airbus, nous n'en attendons pas grand-chose », confie un représentant du personnel.

Deux membres importants de l'UMP, Nathalie Kosciusko-Morizet, députée de l’Essonne, et Valérie Pécresse, député des Yvelines et porte-parole de l'UMP, possèdent sur leurs circonscriptions respectives les principaux sites Alcatel-Lucent de la région parisienne (Vélizy, et Nozay-Marcoussis).

Suite de l'article de Le Monde, Sarkozy piègé par les CRS. 24 mars 2007.
  • La description de la photographie est la suivante : La rue est baignée d'une lumière bleue de fin d'après-midi, un peu froide. Tendu au milieu de la façade impeccable d'un immeuble cossu que l'on devine parisien, un immense calicot couleur azur frappé du logo de l'UMP porte, en grosses lettres blanches, l'une des phrases-clés du parti de Nicolas Sarkozy, candidat à l'élection présidentielle : "Imaginons la France d'après"... Alignés juste en dessous, comme une illustration au slogan, une escouade de CRS veille.
Le journal indique que cette photographie investit le Web, en changeant de nom et de taille. Allégée pour une diffusion plus rapide, les uns l'appellent "Imaginons la France d'après", d'autres seulement "Imaginons", d'autres enfin "Sarkotoulouse". De mail en mail, elle surgit dans de très nombreuses boîtes aux lettres électroniques. Des internautes l'accaparent et l'introduisent dans leurs blogs, où elle suscite toutes sortes de commentaires majoritairement grinçants et parfois amusés. "La belle France d'après...", ironise Gilles sur le blog de l'association écologiste Citron Vert. L'image fait les choux gras du Collectif Unitaire du Val d'Yerres, du Mammouth Manchois Enervé et de tant d'autres. Elle est en bonne place sur celui de la gauche antilibérale et, de manière un peu plus inattendue, sur le blog de la section Midi-Pyrénées de CAP21, le mouvement de Corine Lepage, ancienne candidate à l'élection qui a rejoint, il y a peu, François Bayrou, le candidat UDF. Du côté du parti de Nicolas Sarkozy, rien. On affirme ne l'avoir jamais vue ni même en avoir entendu parler. Alors que les soutiens du ministre de l'intérieur sont nombreux à investir les blogs pour contrer les attaques dont l'UMP peut faire l'objet, aucun d'eux n'a jugé opportun de neutraliser l'image, ne serait-ce qu'au travers de l'humour. L'UMP, qui vient de lancer sa plate-forme de blogs pour la France d'après, a été capable, dans un passé récent, de détourner au pied levé une pub cinéma du fabricant suédois de mobilier IKEA - qui reprenait d'ailleurs le même slogan - au profit de la campagne de son candidat. "Super photo ! Qui est le photographe ? Peut-on utiliser cette photo ?", s'interroge à juste titre Geneviève sur le site Bellaciao. Le cadrage maladroit, ou réalisé dans la précipitation - encore que rien ne laisse penser qu'il règne la moindre tension au moment où la photo a été prise -, la qualité médiocre de son grain : elle a tout de la photo d'amateur. Aurait-elle pu être prise par un photographe professionnel ? "Ce n'est pas un professionnel qui l'a réalisée, affirme Mathieu Polak, membre du pôle image au journal Le Monde. Pour une simple raison : un professionnel l'aurait diffusée commercialement, c'est sûr."

Quelques photos de la manifestation du 15 mars 2007 (même lieu, autre positionnement des CRS...). La manifestation a eu lieu de la place de la Bourse au siège d'Alcatel-Lucent. Il sera impossible pour les salariés de manifester devant le siège social, car des dizaines de gendarmes mobiles en tenue barraient la rue La Boétie, non loin du siège de l’UMP tout proche, empêchant toute progression du cortège.








vendredi 23 mars 2007

C'est la fête !

Alcatel-Lucent contient 5 Business Group, dont 4 dirigés par Etienne Fouques :
Convergence, Wireline, Wireless et Services...



Dans son édition du 7 mars, la Tribune révèle que la branche Convergence (équipements et logiciels réseaux) sera la plus touchée dans le cadre du plan de restructuration d'Alcatel-Lucent qui prévoit près de 1.500 suppressions de postes en France. Le quotidien économique indique, en outre, que la division Wireless, la plus importante du groupe en France avec 2.250 personnes sera réduite de 11%, essentiellement dans la 3G. Les effectifs de la division fixe (407 personnes) baissera de 10%, tandis que la partie service (1.500 personnes) sera réduite de 12%.

« Une des valeurs les plus importantes de notre Groupe est son sens aigu de sa responsabilité sociétale. Nous avons pour ambition de changer la manière dont le monde communique, sans toutefois perdre de vue nos obligations envers ses ressources et sa population. Nous sommes convaincus qu’encourager l’ouverture et le dialogue avec nos parties prenantes sera essentiel pour assurer un développement durable à nos activités. »

Patricia Russo

23 mars 2007 - Questions de stratégie et de bourse

Dans la revue Réseaux & Télécoms, après l'interview de J.-C. Giroux hier, Gaston Khoury, Directeur Général Adjoint France et Vice-Président de l'activité Wireless affirme que Huawei a décidé d'investir dans le centre de Lannion, et que cela correspond à une vraie stratégie industrielle.

Du coté de la Finance, selon André Chassagnol, directeur de la recherche de HPC, l'intervention des hommes politiques sur ce dossier va ralentir la mise en place des restructurations alors que la concurrence sur le marché des équipements télécoms est forte et que la pression sur les prix est sensible. Dans l'attente de la finalisation des restructurations, la motivation des employés risque également d'être affectée. Les synergies induites par le mariage entre Alcatel et Lucent ne devraient pas être visibles avant le dernier trimestre 2007. Le titre a fait l'objet de plusieurs dégradations de la part d'analystes cette semaine.

L’action a perdu plus de 30% en un an, seul un tiers des analystes sont positifs, et le tandem Russo-Tchuruk ne convainc pas. Le plan de suppression de 12 500 emplois, loin de faire rebondir l’action l’a fait piquer du nez. Cette semaine des grands bureaux d’analyse comme CA Cheuvreux, Goldman Sachs ou Bear Stearns ont assassiné la valeur. Le moins que l’on puisse dire est que la fusion entre Alcatel et Lucent annoncée en avril 2006 se passe mal.



Philippe de Villiers a appelé à un retour à l'esprit du traité de Rome en Europe, dans une déclaration faite symboliquement devant le siège d'Alcatel-Lucent à Paris et le siège de l'UMP. Il a déclaré qu'Alcatel, qui veut supprimer près de 1.500 emplois en France, représente "très exactement l'Europe dont nous ne voulons pas", l'Europe "des délocalisations et du mondialisme", qui a "aboli la préférence communautaire et qui envoie toutes les entreprises au tapis"

En fin, et en guise de conclusion, cette phrase trouvée sur le site officiel Alcatel-Lucent : Nos salariés sont le cœur de notre Groupe et la clé de notre réussite sur le marché mondial. En tant qu’entreprise socialement responsable, nous respectons les droits de nos salariés et nous efforçons de leur garantir : un environnement de travail sûr et sain, des processus de travail clairs, la liberté d’opinion et d’expression, ainsi qu’un dialogue ouvert.
  • Réseaux & Télécoms, L'implantation de Huawei à Lannion répond à une vraie stratégie, 23 mars 2007.

jeudi 22 mars 2007

22 mars 2007 - Dégradation, manifs et justification


L’action Alcatel-Lucent a perdu plus de 20% depuis le début de l’année à la Bourse de Paris et pourrait encore dégringoler, plusieurs analystes reconnaissant qu’ils ont sous-estimé les perturbations causées par la fusion des deux groupes et le plan de restructuration.

La plus forte baisse du CAC40 du jour était signée Alcatel-Lucent qui pâtit d'une dégradation d'opinion de l'agence financière Goldman Sachs. L'analyste a ramené sa recommandation sur l'équipementier télécoms de " Achat " à " Neutre ", et abaissé sa prévision de chiffre d'affaires pour 2007 de 8 %. 'Nous pensons que le carnet de commandes d'Alcatel-Lucent reste faible en raison de perturbations internes importantes dues au processus d'intégration et une reprise des ventes n'est pas envisageable avant le 3ème trimestre', expliquent les analystes. Alcatel-Lucent rencontrera ses actionnaires individuels lors d'une conférence / débat organisée par La Vie Financière à Marseille le 27 mars 2007...

Dans le confidentiel sur RTL, Patricia Russo est annoncée comme critiquée en interne : la directrice générale d'Alcatel-Lucent n'aurait pas la carrure nécessaire pour diriger un groupe de taille internationale. Dans un article de Réseaux & Télécoms (reproduit ici intégralement), Jean-Christophe Giroux affirme à la presse qu'Alcatel-Lucent ne reviendra pas sur le plan d'ensemble de 12500 suppressions de postes, car il est justifié et nécessaire...

Fruit de la fusion entre Alcatel et Lucent, le plan social du groupe prévoit 12 500 suppressions d'emplois dans le monde. Ce chiffre fait grincer les dents des salariés, des syndicats et des élus. Pourtant Alcatel-Lucent le justifie, par la voix de son PDG France, Jean-Christophe Giroux. Il n'est pas question de revenir sur le fond du plan. Cependant, la direction reste ouverte au dialogue concernant ses modalités d'application.

R&T : Le dialogue social est-il rompu ?

Jean-Christophe Giroux, PDG d'Alcatel-Lucent France : Absolument pas ! C'est une perception totalement fausse. Vendredi dernier, une trentaine de personnes, composée des syndicats européens et de la direction d'Alcatel-Lucent, ont passé une dizaine d'heures à discuter du plan de restructuration du groupe. Elles ne sont pas allées jusqu'à la fin de l'ordre du jour. Une nouvelle réunion est donc prévue demain. Ces réunions Européennes officielles ne se substituent pas au dialogue dans chaque unité légale. Et je ne parle même pas des rassemblements officieux entre syndicats et direction. J'avoue ne pas comprendre la tonalité ambiante qui parle de rupture du dialogue social.

R&T : Sur quelles bases discutez-vous ?

J.C.G. : Alcatel-Lucent a annoncé début février un plan dont les causes sont connues depuis longtemps. Les 12500 réductions d'effectifs dans le monde sont la conséquence directe de redondances liées à la fusion annoncée le 1er décembre ou au rachat des activités UMTS de Nortel, ainsi qu'à l'adaptation de notre mode de fonctionnement aux besoins en pleine évolution de nos clients et de l'ajustement de certaines activités aux perspectives du marché. D'autres économies d'échelle obtenues par ailleurs doivent nous permettre d'économiser au total plus de 1,7 milliard d'euros sur 3 ans . Ce n'est pas un plan Boursier ! C'est un plan opérationnel qui seul peut nous permettre de rationaliser nos offres de produits et de solutions. Au niveau européen, nous expliquons en détail les causes stratégiques de la restructuration et les conséquences sur l'emploi. Au niveau local, nous discuterons et négocierons la mise en oeuvre de ce plan, avec notamment en France, des mesures exclusivement basées sur le volontariat.

R&T : Pouvez-vous citer un exemple de rationalisation de gamme de produit ?

J.C.G. : Dans les activités mobiles 3G, nous subissons la pression de nos concurrents. Pour être compétitifs et crédibles auprès de nos clients, nous devons choisir une seule des 3 gammes de produits historiques, celle d'Alcatel, celle de Lucent et celle que nous avons rachetée dernièrement à Nortel. Bien évidemment, cela se traduit par des réductions d'emplois et, bien sûr, elles touchent la R&D. Le groupe est majoritairement composé de cols blancs, c'est inévitable ! Nous rationalisations aussi les structures par pays.


R&T : Peut-on imaginer des transferts de compétences sur d'autres domaines de la R&D ?

J.C.G. : Bien évidemment. C'est notre premier devoir. Nous ferons le maximum pour réorienter les compétences vers des activités porteuses. Par exemple, des compétences aujourd'hui dans l'UMTS seront utilisées pour le WiMAX. Partout où nous pourrons, nous essaierons de réorienter les compétences.

R&T : Que se passe-t-il exactement à Rennes ?

J.C.G : Sur Rennes, les locaux ferment mais les emplois sont préservés. Heureusement, car il s'agit de personnes hautement qualifiées. Leur domaine de compétence est hautement stratégique pour le Groupe. Le personnel est transféré sur Orvault (44) ou sur Lannion (22), et notre volonté est de trouver des solutions personnalisées pour chacun de nos employés à Rennes, soit par le financement du déménagement, soit par l'aide à la recherche d'emploi pour le conjoint, soit par la mise en place du télétravail. Nous comptabilisons 5 sites en Bretagne : Brest, Orvault, Lannion et 2 plus petits sites sur Rennes. Nous avons décidé de redéployer les petits sites de Rennes et de consolider les deux plus gros centres de Lannion et Orvault.

R&T : Patricia Russo, PDG du groupe, semble inflexible sur la restructuration. Pouvez-vous imaginer faire machine arrière ?

J.C.G. : Les 12 500 suppressions d'emploi sont le résultat d'une analyse fine pays par pays, et activité par activité - opérationnelles comme fonctionnelles. Chaque chiffre a été longuement pesé, analysé, débattu. En tant que tel, le total ne peut pas être réduit, toute discussion à ce niveau est irréaliste. Mais nous sommes ouverts au dialogue sur les modalités et la mise en oeuvre de ce plan. Les syndicats comprennent bien notre logique de suppression des redondances. Ils ont toutefois du mal à accepter le résultat, ce que nous comprenons à notre tour. Nous nous sommes donnés jusqu'à fin 2008 pour finaliser ce plan en France. Nous sommes confiants dans la qualité et la diversité des mesures d'accompagnement.

R&T : Subissez-vous des pressions politiques ?

J.C.G : Les élus sont en attente d'explications. Nous nous sommes manifestés auprès d'eux en amont. Nous les informons régulièrement, mais leur réaction est inévitable. Localement, nous étudierons les possibilités d'accompagnement ou d'essaimage. Je tiens à affirmer que, contrairement à ce qui a pu être dit, nous maintenons et renforçons notre implication dans les pôles de compétitivité, notamment celui d'« images et réseaux » de Bretagne.

R&T : Que pensez-vous de l'implantation de Huawei à Lannion ?

J.C.G : Nous étions au courant depuis quelques mois - et il faut relativiser les choses, car on ne parle que de 20 personnes dans un premier temps. Cette implantation témoigne pourtant de deux tendances fortes. Les Chinois, tels Huawei ou ZTE, sont des concurrents extrêmement sérieux et offensifs, au même titre que d'autres acteurs occidentaux. Ensuite, ils suivent une logique proche de la nôtre. A savoir, s'implanter plus près de leurs clients.


R&T : Qu'attendez-vous du groupe de travail gouvernemental sur l'avenir de la filière Télécoms ? Des mesures protectionnistes ?

J.C.G. : Nous attendons beaucoup de ce groupe de travail, que nous réclamons depuis des années. Je souhaite des conclusions concrètes, en termes de mesures fiscales et douanières ou d'aides à l'emploi. Le seul bémol est que ce groupe est très français et composé majoritairement d'équipementiers. C'est un bon début, mais il faudra impliquer plus fortement les opérateurs et les autres acteurs Européens. Notre industrie est en pleine transformation et consolidation. La prise de conscience des politiques est indispensable!

Le même jour, les salariés d'Alcatel-Lucent se sont à nouveau mobilisés sur plusieurs sites français de l'équipementier en télécommunications, à l'appel de leur intersyndicale. En région parisienne, un millier de salariés venus de plusieurs sites franciliens (Vélizy-Villacoublay et Colombes, notamment) ont manifesté jeudi matin sur le site de Châteaufort (Yvelines), a-t-on indiqué de source syndicale. En province, un débrayage a eu lieu à Ormes (Loiret) et Brest, ainsi que sur le site d'Orvault (Loire-Atlantique) près de Nantes où la totalité du personnel avait cessé le travail en matinée, selon la CGT. plus de 2000 salariés français qui ont répondu présents sous des formes diverses.

A Rennes,
près de 200 personnes se sont rassemblées, hier, à Cesson-Sévigné devant le Musée des télécommunications afin de débattre de l'avenir des télécommunications en France. Ce sont les salariés d'Alcatel qui ont initié ce débat. Du coup, à l'heure du déjeuner, des salariés d'autres entreprises sont venus les soutenir : Thomson R & D, France Télécom R & D, d'anciens employés de STMicroélectronics... Les salariés de Thomson R & D redoutent de futures suppressions de postes et une délocalisation des services « recherche et développement » en Chine ou en Inde. A France Télécom R & D, les syndicats ne sont guère plus optimistes.

A Orvault, un petit déjeuner était offert aux salariés (pour faire le pendant au petit déjeuner du jour J (jour de la fusion "Day 1") offert alors par la direction sur tous les sites du groupe pour fêter la fusion Alcatel-Lucent). Profitant du marché, trois cents salariés d'Alcatel-Lucent de Lannion ont défilé et « tracté », au centre-ville. Il s'agissait d'un tour de chauffe avant la manifestation prévue samedi.

Les salariés d'Alcatel sont, dans l'immédiat, dans l'attente. Également soutenus par plusieurs élus locaux, ils attendent la décision du tribunal de grande d'instance de Paris, suite au traitement du référé. D'ici là, Jean-Yves Le Drian, le président du conseil régional de Bretagne, pourrait de nouveau rencontrer les dirigeants d'Alcatel.
  • Our buy on Alcatel-Lucent was predicated on bigger and faster cost-cutting momentum than investors expected, combined with a stable top-line outlook. While management has increased cost-cutting targets, we greatly under-estimated both the scale of revenue dis-synergies and the impact on sales from the internal confusion created by the merger. Worryingly, it appears that this confusion is taking longer to resolve that the company anticipated.Alcatel-Lucent: Goldman Downgrades, “Revenues In Free Fall”, 22 mars 2007.
  • L'Agefi. Les investisseurs ne croient plus aux promesses d’Alcatel-Lucent. 23 mars 2007.
  • Mais au fait, que devient le bâtiment qui devait recevoir l'ensemble des salariés rennais d'Alcatel à partir de juillet ? L'immeuble est toujours en construction et selon une source immobilière, Alcatel n'aurait toujours pas dénoncé le contrat le liant au promoteur immobilier. Résultat : il en coûterait plusieurs centaines de milliers d'euros par mois au groupe... Ouest France, Rennes, Alcatel n'est pas seul à être inquiet. 23 mars 2007.

  • Ouest France, Lannion. Alcatel : « Faut la faire, la promo de cette manif ! » 23 mars 2007

mercredi 21 mars 2007

Pierre Suard, ancien PDG d'Alcatel-Alsthom



Ce texte se trouve dans l'ouvrage de Pierre Suard, L'envol saboté d'Alcatel Alshtom, aux éditions France-Empire, en 2002 (p. 288-290).

Ce jour là, il mettait de fait fin à ma carrière professionnelle. Si douloureuse qu'elle fût sur le plan personnel, cette décision m'apparaît encore davantage dommageable pour le groupe Alcatel Alsthom lui-même, du moins tel que mes collaborateurs et moi le concevions et l'avions développé.

Nous l'avions, en moins d'une décennie, radicalement transformé. Groupe essentiellement français, aux activités encore assez diversifiés au début des annés 80, il était devenu dix ans plus tard un acteur reconnu sur la scène mondiale, leader dans l'industrie des télécommunications et des câbles, parmi les deux ou trois leaders pour les transports et l'énergie. Il était présent sur tous les marchés. Il contrôlait ses technologies et surtout avait acquis une expertise unique dans celles, comme les transmissions optiques et l'ADSL, qui allaient permettre l'acheminement des hauts débits de l'ère Internet, ou comme les communications mobiles qui devenaient le marché principal du monde des télécommunications dans les années 2000. Alcatel Alsthom fabriquaait également des turbines à gaz de plus de 200 MW, les plus gros paquebots de croisière, ainsi que le TGV, le train à grande vitesse détenteur du record mondial de vitesse, le plus vendu dans le monde.

Mais nous voulions aussi que ce groupe international ait une profonde unité qui implique, condition éminemment difficile, l'adhésion sincère de la majorité du personnel aux objectifs et aux valeurs qui sous-tendent la politique d'ensemble. Nous voyions son avenir dans le maintien de son portefeuille d'activités télécommunications, énergie, transports et services associés et la continuation de sa politique d'indépendance technologique, à l'image de ses grands concurrents américain, allemand ou japonais. Nous voulions également qu'il renforce la dimension financière acquise, qu'il continue à satisfaire les espérances légitimes de ses actionnaires auxquels il demandait de partager les ambitions du groupe dans la haute technologie qui exigent continuité et durée. Nous étions attachés à valoriser l'investissement des actionnaires, mais cette création de valeur devait se mesurer sur le long terme et non chaque trimestre et il fallait qu'elle soit partagée avec les salariés, premiers acteurs de son émergence. Nous voulions enfin que, malgré sa dimension internationale, le groupe ne perde pas sa culture européenne et plus particulièrement française. C'est cet ambitieux projet partagé par beaucoup qui en réalité sombra le 10 mars 1995. .../... La suite fut édifiante. Alcatel Alsthom perdit successivement la plupart de ses activités, son nom, son rang mondial et, sans que l'on sache, sept ans plus tard, où s'arrêtera cette descente aux enfers. Quel gâchis !

  • Pierre Suard devient en 1986 PDG de la Compagnie générale d'électricité (CGE) qui devient en 1991 Alcatel Alsthom, et sera renommé en 1998 Alcatel. En 1995, accusé de surfacturation auprès de France Télécom, il doit démissionner, et est remplacé par Serge Tchuruk.


21 mars 2007 - Intégration difficile... Nortel...


Selon des sources de marché, Crédit Agricole Cheuvreux a ramené son opinion de Surperformance à Sous-performance sur Alcatel-Lucent. L'analyste révise en baisse ses estimations de BPA de 30% pour la période 2007-09 et adopte une opinion prudente en vue de refléter :
  1. un environnement de marché plus difficile. Alors que l'analyste s'attendait à un retour à la capacité à relever les prix en raison de la consolidation du secteur en cours, l'agressivité commerciale d'Ericsson pèse de nouveau ;
  2. son sentiment que le 1er trimestre 2007 (publié le 11 mai 2007) devrait être encore pire qu'attendu, conduisant à des révisions en baisse d'estimations ;
  3. le fait que l'intégration de Lucent est difficile, ce qui conduit à un manque de focalisation sur les clients et pourrait décaler la matérialisation des bénéfices attendus de la fusion.
Par ailleurs, la Commission du commerce international des Etats-Unis examine une plainte pour atteinte aux droits des brevets déposée par Microsoft contre Alcatel-Lucent. Le groupe américain réclame notamment l'interdiction d'importation de certains produits Alcatel Lucent.

Philippe de Villiers, dans le cadre de la campagne présidentielle en France, a expliqué dans un communiqué de presse à l'AFP, que "simplement, on demande de travailler un peu plus". "Les gens d'Alcatel aimeraient bien travailler un peu plus, ils aimeraient bien travailler tout court", a-t-il ajouté.

Les syndicats d'Alcatel-Lucent appellent à une nouvelle journée d'action sur l'ensemble des sites français de l'équipementier en téléphonie pour dénoncer le plan de restructuration. De source syndicale, on précise que si un mot d'ordre national a été lancé, chaque site décidera de sa propre action de manière autonome.

On apprend dans Les Echos que l'accord conclu entre les deux fabricants Alcatel et Nortel sur l'UMTS donne, au français un droit de rachat prioritaire de l'activité GSM, si le canadien se décidait à la mettre en vente. Selon un document financier, Alcatel-Lucent bénéficierait alors de trente jours pour faire une offre avant que Nortel ne s'adresse à d'autres prétendants. Cette option court jusqu'à juillet 2008. Le document financier indique aussi que le fabricant français dispose d'une option pour acquérir une licence d'utilisation des technologies GSM et/ou « long term evolution » (LTE, la future génération de téléphonie mobile) du canadien. En cas d'exercice de cette option, Alcatel-Lucent verserait une redevance de 50 millions de dollars pour le GSM et de 15 millions pour la LTE. L'option court jusqu'à fin 2008 pour le GSM et jusqu'à fin 2010 pour la LTE.
  • Les syndicats estiment que la direction n'a pas tout dit et réclament des précisions sur les régions et les catégories d'emplois concernées, pour l'heure sans obtenir satisfaction. Face à cette situation, les représentants du comité de groupe ont déposé un référé pour "manque d'informations", qui sera examiné par le tribunal de grande instance de Paris le 3 avril prochain. Cette journée de mobilisation aura lieu à la veille d'un nouveau comité de groupe européen prévu le 23 mars 2007 au siège d'Alcatel-Lucent, dans le VIIIe arrondissement de Paris.
  • Les Echos, Alcatel-Lucent prioritaire en cas de vente de l'activité GSM de Nortel. 21 mars 2007.

20 mars 2007 - Référé...remis


On indique de source syndicale, que l'audience en référé prévue a eu lieu ce matin. La direction d'Alcatel-Lucent semble avoir dit ne pas avoir eu suffisamment de temps pour préparer son argumentaire et à demandé à repousser l'audience. Celle-ci aura lieu le 3 avril. Le jugement pourrait intervenir une dizaine de jours plus tard. Dans les Echos, l'avocate du groupe français a expliqué que « le temps imparti pour assurer la défense avait été insuffisant », puisque l'assignation n'avait été reçue que vendredi dernier. Par ailleurs, elle a fait valoir qu'un comité de groupe européen s'était tenu la semaine dernière et qu'il se prolongerait ce vendredi. L'avocat de l'Ecid a regretté cette décision, estimant qu'« il n'y a pas d'engagement de la part d'Alcatel-Lucent sur une suspension du plan social ». Dans son recours, l'Ecid demande que soit défendu à l'entreprise de saisir les comités d'entreprise des différentes filiales françaises tant que la consultation des syndicats européens n'est pas achevée. Pour l'heure, aucun comité central d'entreprise n'a été convoqué en France. Les syndicats n'excluent pas d'engager d'autres recours en référé sur le volet français du plan social.

Dans un long interview, Emmanuel Le Bolzer, vice-président de l'association « Trégor Debout » et vice-président du conseil économique et sociale de Bretagne pour la CFTC, revient sur le plan social annoncée et déplore le mutisme d'une direction inflexible. Pour lui,

La fusion est évoquée depuis des mois. L'impact humain est évidemment négatif. Tout le monde sait bien qu'une fusion entre deux leaders mondiaux entraîne obligatoirement des doublons et irrémédiablement des licenciements. Cependant, nous étions prêt à comprendre l'enjeu économique, la nécessité de faire face aux acteurs émergents, notamment Chinois. Bâtir le premier groupe mondial dans les télécoms est une bonne chose en soi. Cependant, Lucent nous avait été présentée comme une entreprise dynamique et saine. La publication des comptes nous a laissé un goût amer, nous avons l'impression qu'Alcatel s'est fait avoir...

Avec la direction, Ce qui marque est l'absence totale de discussions. Nous n'avons pas d'explications. Nous sommes capables de comprendre. Nous pouvons appréhender le fait que le groupe se trouve entraîné dans une concurrence mondiale effrénée et qu'il est nécessaire de s'adapter. Mais nous cherchons à obtenir des précisions et des justifications. Avant même de négocier, il faudrait tout simplement discuter. La direction est inflexible, on se demande bien pourquoi ! A mon sens, la mondialisation peut-être aussi une opportunité, une chance à saisir pour la R&D Française.

Une manifestation à Lannion est prévue le 22 mars 2007 à l'initiative de Trégor Debout.

Le 20 mars au matin, Valérie Pécresse, député UMP des Yvelines (Vélizy-Villacoublay), et porte-parole de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, débat de compétitivité avec deux responsables syndicaux d'Alcatel-Lucent. Sa circonscription est parmi la plus touchée de France par la restructuration. A Vélizy, à Chateaufort, plusieurs centaines d'emplois sont concernés. Elle indique qu'elle s'est déjà plongée dans les difficultés du GIAT et d'Alstom... et s'interroge : L'une des questions cruciales de cette campagne n'est-elle pas celle de notre avenir économique et de notre stratégie industrielle? Nous, responsables politiques, ne devrions-nous pas d'abord songer à préparer le pays à relever les défis de la mondialisation? Et accompagner les mutations des entreprises en évitant des drames sociaux? Il y a encore tant à faire, et ce ne sera pas simple...
  • Les Echos, Report du référé du comité de groupe européen de l'équipementier français, 21 mars 2007.
  • Réseaux & Télécoms, Alcatel-Lucent ampute le coeur de la R&D, 20 mars 2007.

19 mars 2007 - Les chinois à Lannion (Huawei)

On apprend que l'équipementier chinois de télécommunications Huaweï, concurrent d'Alcatel-Lucent, confirme qu'il allait ouvrir deux centres de R & D en France, dont un à Lannion, et l'autre en région parisienne. L'Usine Nouvelle annonce dès le début de son article : ''Quel pied de nez!'' Huawei compte ainsi tripler ses effectifs en France pour atteindre environ 500 personnes d'ici quelques années.


Huawei Télécommunications Co. Ltd. est un fabricant chinois d'équipements télécoms entièrement privé créée en 1988. Il s'est également bâti dans l'adversité : pour briser les monopoles d'État accordés par les opérateurs de téléphone à leurs fournisseurs étatiques, Ren Zhengfei, a eu l'idée de faire entrer certains de ses clients dans le capital de Huawei. Mais le groupe de Shenezn a aussi pris de mauvaises habitudes, et est dans le collimateur des analystes pour son manque de transparence (Depuis ses débuts, la firme est accusée de piratage). Huawei bénéficie du plus fort soutien de l'État chinois, lequel veut en faire un groupe international capable de rivaliser avec la concurrence étrangère dans le domaine stratégique des télécommunications.

Dans la soirée et dans le cadre de l'émission Votez pour moi, présentée par Audrey Pulvar sur France 3, des salariés d'Alcatel-Lucent Rennes ont pu poser une question à un panel de politiques venus défendre leur candidature (ou celle de leur parti) aux prochaines élections... Vincent Peillon, représentant de Ségolène Royal leur répond par Airbus ! Les salariés d'Alcatel-Lucent présents sur le plateau auront beau redemander la parole pour intervenir sur d'autres sujets comme les pôles de compétitivité, ils n'auront plus la possibilité d'intervenir. C'est un sentiment de frustation qui domine en regard du déroulement de cette émission télévisée (Commentaires de l'émission).

  • Le premier centre sera spécialisé dans l'amélioration des technologies fixes à hauts débits. Le second, en région parisienne, couvrira les technologies de haut débit mobile (3G), la convergence fixe-mobile, et le tout-IP. L'Usine Nouvelle, Huawei veut tripler ses effectifs en France, 19 mars 2007.
  • C'est une façon pour l'équipementier chinois de faire les yeux doux à SFR pour tenter de devenir le deuxième fournisseur UMTS de l'opérateur dans son duel qui l'oppose à Alcatel-Lucent.
  • Huawei a remporté récemment un marché sur les capteurs optiques auprès de France Télécom.
  • "La France n'est pas seulement un des marchés télécoms les plus concurrentiels du monde. Elle est aussi un des marchés les plus innovants (...)", indique Patrick Wen, directeur général de Huawei France. Le Monde, L'équipementier chinois Huawei renforce sa présence en France, 20 mars 2007.
  • Il y a des évolutions dans les implantations des équipementiers télécoms. Notre rôle est de faire en sorte que ces implantations se fassent à Lannion, s'est justifié Joël Lejeune, vice-président de la communauté d'agglomération de Lannion. Il a cependant reconnu partager l'inquiétude des syndicats sur la capacité d'Huawei à casser les prix, avec des produits conçus en Asie, et à renforcer les difficultés des groupes européens. Selon lui, il y a "un vrai problème de politique industrielle: comment la France et l'Europe protège son industrie? Mais ce n'est pas la communauté d'agglomération qui peut infléchir les choses".
  • Les syndicalistes d'Alcatel-Lucent voient cela comme une provocation. «Dans le climat actuel, cela nous a fait sursauter, confesse Hervé Lassalle, délégué CFDT chez Alcatel-Lucent. Huawei, c'est le diable qui casse les prix.» ... Chez France Télécom, on apprécie peu d'être désigné du doigt comme le fossoyeur d'Alcatel pour avoir fait travailler le «diable». Nous avons comme stratégie de «diversifier nos fournisseurs et le prix n'est pas le seul critère», fait-il savoir, soulignant qu'il est un des derniers à continuer de commander chez le franco-américain. Libération, La Chine nargue Alcatel à Lannion, 20 mars 2007.
  • Pourquoi vous installez-vous à Lannion ? Gaston Khoury, vice-président de la division wireless de Huaweï, explique la décision de l'équipementier chinois de s'implanter à Lannion.On implante nos centres de recherche là où sont nos clients majeurs ce qui nous conduit à nous développer en France. Et nous pouvons le faire là où il y a de l'expertise. En ce domaine, Lannion, le pôle de Rennes et la Bretagne en général constituent un pôle assez avancé en France sur les nouvelles technologies. Comme on souhaite embaucher du personnel local, il est beaucoup plus intéressant de se positionner là où il y a des ressources. En plus, nous avons établi des contacts avec des partenaires locaux avec qui ça s'est bien passé. Ouest-France Lannion, Huaweï s'installe là où « il y a des ressources », 21 mars 2007.
  • Huawei a aussi ouvert un centre de formation pour francophones à Tunis depuis mai 2006, dédié en partie à ces clients francophones africains.

16 mars 2007 - Comité de groupe


Le comité de groupe européen est présidé ce jour : C'est une réunion en présence de douze membres de l'équipe de direction et de 27 délégués de 9 pays européens. Il est, de manière ''exceptionnelle'', par Patricia Russo, directeur général d'Alcatel-Lucent. La directrice a rencontré pour la première fois les syndicats européens du groupe pour parler du plan de suppression d'emplois pour l'Europe et veut ''engager le dialogue''.

La directrice générale du groupe reste inflexible. Elle affirme dans un entretien à La Tribune que l'objectif de 12 500 suppressions de postes n'est pas négociable. Elle répond à ceux qui s'inquiètent d'un plan qui serait destiné à déplacer la recherche-développement vers l'Asie que ''ce n'est pas vrai''. Elle souhaite ''aller vite'' dans la mise en œuvre du plan social, selon une syndicaliste présente à la réunion.

Patricia Russo ''a rappelé que les réductions d'effectifs sont la conséquence directe de redondances liées à la fusion annoncée le 1er décembre 2006 et au rachat des activités UMTS de Nortel'', précise un communiqué de la direction du groupe. Elle a cité également la nécessité d'une ''adaptation du mode de fonctionnement aux besoins en pleine évolution'' et de ''l'ajustement de certaines activités aux perspectives de marché''. On voit ici qu'elle reprend quasiment mot pour mot le texte de l'annonce effectuée précédemment le 14 février 2007.

Aucun calendrier n'est encore fixé pour mettre en place le plan social. Elle est ''restée plus de deux heures'' en séance et a dû ''faire front à un flot de questions des syndicalistes''. Selon le syndicat CGT, ''aucune révélation n'a été faite'' lors du comité de groupe, la direction se contentant de ''lire à haute voix les documents déjà envoyés par e-mail aux organisations syndicales.'' Pour les deux délégués CGT, ce comité ''est un non événement, sauf que maintenant nous savons que Patricia Russo existe, puisque nous l'avons rencontrée''. De son côté, une porte-parole de la direction a affirmé à l'AFP que cette réunion avait permis un ''vrai dialogue de près de 10 heures avec les partenaires sociaux sur un sujet délicat et difficile'' et ajouté qu'il ''y avait de grosses attentes de la part'' des syndicats. Cette réunion se poursuivra le 23 mars prochain. Le recours en référé posé auprès du tribunal de grande instance de Paris pour demander des compléments d'information sur le plan social sera examiné le 21 mars prochain. La CFE-CGC d'Alcatel-Lucent annonce une ''semaine de tous les dangers'' car il y a un risque de décrochage entre les salariés et la direction encore plus profond.

Les Echos parlent d'in dialogue long de plusieurs heures, mais un dialogue de sourds. Le comité de groupe européen d'Alcatel-Lucent qui s'en tenu vendredi a laissé un goût amer parmi les 27 élus du personnel venus de neuf pays. Pas moins de douze patrons d'activités et de filiales étaient présents. Tous n'ayant pas eu le temps de s'exprimer, les discussions se prolongeront le 23 mars.



Dans les Ardennes, Ségolène Royal refuse la ''fatalité'' des restructurations. Dans un communiqué, elle a par ailleurs assuré de sa ''solidarité'' les salariés d'Alcatel-Lucent : ''Les salariés ne doivent plus faire les frais du manque d'anticipation et des logiques purement financières'', a-t-elle fustigé, déplorant un ''gâchis d'intelligence et de compétences''.

On annonce à Rennes que la “Société Polymères de la Barre Thomas“, société à capitaux américains (SILVER POINT) qui appartenait au groupe PSA Peugeot-Citroën, et qui travaille à 94 % pour ce groupe connait à nouveau , un plan de licenciements pour environ 309 personnes (ouvriers et encadrement)… (Blog de la Barre Thomas)

  • Ce n'est pas dans mes habitudes d'éviter le dialogue. Aux Etats-Unis, j'ai eu à travailler étroitement avec les syndicats, je les connais bien, affirme Mme Russo. Cette réunion est l'occasion d'expliquer exactement où sont nos priorités, notre stratégie et là où nous voulons aller. C'est vraiment l'occasion d'engager le dialogue. Le Monde, Mme Russo veut "engager le dialogue" chez Alcatel-Lucent, 16 mars 2007.
  • Pour Patricia Russo, Alcatel-Lucent ''doit avoir des compétences dans les marchés émergents'' qui ont besoin de ''développements spécifiques''. On indique que le nouveau groupe a fini le tri dans son portefeuille de produits.
  • Nous prendrons le temps qu'il faut, mais il ne faudrait pas que cela prenne des mois et des mois. L'incertitude n'est pas bonne, ni pour nos salariés qui vivent dans l'inquiétude, ni pour nos clients et donc pour notre activité. Le Monde, Mme Russo veut "engager le dialogue" chez Alcatel-Lucent, 16 mars 2007.
  • Les Echos, Alcatel-Lucent : dialogue de sourds entre direction et syndicats, 19 mars 2007.